La médiation par la terre à la maison d’arrêt

09/09/2024
MAison_Arret_Terre

« Quand la terre prend forme au service du soin »

Au début de l’année 2023, l’équipe de psychiatrie de la maison d’arrêt de Brest a obtenu un financement par l’association An Avel Vor de l’hôpital de Bohars et l’ARS pour mettre en place une activité à médiation thérapeutique à la maison d’arrêt de Brest.

 

Un projet de médiation par la céramique et plus particulièrement le modelage, a été pensé par Lola Le Berre, artiste plasticienne brestoise, en collaboration avec l’équipe de soins psychiatriques de la maison d’arrêt de Brest. « Déplacer un atelier de céramique dans une maison d'arrêt est un défi extrêmement riche sur de nombreux plans. Travailler avec un groupe aussi hétéroclite est intense et passionnant. Je crois que les gens repartent fiers de leurs ouvrages. Étonnés de ce qu'ils sont capables de faire de bien aussi. Quand une session se termine ici, personne n'est plus tout à fait le même. J'aime utiliser la terre comme prétexte pour parler de soi, se faire confiance, réfléchir... entre autres bienfaits », analyse Lola Le Berre.

Ces ateliers, mis en place depuis mai 2023, s’adressent à des détenus présentant des troubles psychiatriques : environ 30 détenus ont pu bénéficier de cette prise en charge.

Cette activité permet à des détenus, souvent isolés du fait de leurs troubles psychiatriques, de créer, le temps de l’activité, des liens avec l’autre et d’appartenir à un groupe. Cela est une manière douce d’amener le patient à un début de resocialisation et de faciliter sa réinsertion.

Le travail de la terre par le modelage est un médium à part. Les maux parfois violents présentés par les patients et leurs symptômes souvent envahissants peuvent trouver un début de réponse. Un moment hors du temps en détention qui, outre la satisfaction de produire un ou plusieurs objets, peut apporter un apaisement mais aussi un renforcement de l’estime de soi. Les détenus sont unanimes quant aux bienfaits de ces séances : « On partage ici, que ça fait du bien », « c’est un moment de partage, c’est bien d’être avec des gens calmes », « ici on est dans un autre univers ». Et un détenu témoigne de l’espoir qui renait grâce à des activités à médiation thérapeutique : « Si tu n’arrives pas à faire de grandes choses, tu peux faire des petites choses avec grandeur ».

Ce travail avec les patients par la médiation est, pour l’équipe de psychiatrie de la MA de Brest, un véritable succès. « Nous avons le sentiment que ces sessions ont participé à la restauration de leur estime d’eux-mêmes, à un apaisement, un lâcher-prise dans leur quotidien rythmé par la détention et la solitude. », conclut l’équipe infirmière.